« Un couple c’est d’abord un rêve » dit Gilles.
C’est à partir de ce point que j’ai voulu monter cette histoire. Une histoire qui reste enchevêtrée entre la fiction du roman qu’il a écrit « Petits crimes conjugaux » et la réalité de leur vie de couple.
Dans son livre, Gilles dépeint un couple tel une association d’assassins, unis par la violence, ce désir qui les pousse l’un vers l’autre. C’est une sorte de lutte, de corps à corps qui mène au plaisir, au dépassement de soi, à l’exténuation des forces. Puis ce couple va ensemble lutter contre la société, réclamer des droits, des privilèges, faire des enfants pour justifier l’escroquerie au nom de la famille. Ensuite, les assassins vont vieillir et s’en prendront l’un à l’autre. Les coups deviendront alors plus subtils. Les coups de reins laissant la place aux coups de rosse, tout sera permis : les maladies, l’indifférence, le gâtisme… Le gagnant sera celui qui pleurera l’autre!
C’est une histoire d’amour. Plus, c’est un véritable hymne à l’amour. Et cela passe forcément par plusieurs phases : des mensonges, des révélations, des luttes, de la tendresse, un crime.
D’un un coup de foudre lors d’une soirée de mariage à quinze ans d’errances conjugales, un couple peu à peu s’enfonce dans les habitudes pour ne plus être formé en fin de compte que de deux étrangers partageant le même toit. Ils s’aiment encore – disent-ils – bien malgré eux, mais ne se découvrent plus, ne se retrouvent plus, ne se transportent plus, ne s’abandonnent plus.
C’est par le biais d’un crime que ce couple va renouer avec son passé, se pardonner, se redécouvrir et redécouvrir le sens de l’attrait et du désir. Un crime, prémédité, pour une nouvelle naissance.
Lisa n’en pouvait plus de vivre dans cette inconstance au quotidien, avec à ses côtés l’homme qu’elle aime encore, Gilles, mais qui ne la regarde plus. Plus de la même façon en tout cas. Plus avec ces étincelles dans les yeux. Leur passion est morte, leur amour s’ennuie, la routine s’installe. N’imaginant pas une fin disloquée de son couple, un avenir de vieux qui se regardent sans se voir, face à face, les yeux creux, le regard vide et non plus côte à côte, main dans la main et ne voulant pas devenir peu à peu comme cette flamme qui s’éteint, elle décide de tuer ce qui reste de cet amour. Pendant qu’il en est encore temps. Un soir, prise de boisson, elle attend son mari et dans l’obscurité, lui assène plusieurs coups sur la tête.
Il en deviendra amnésique. Croit-on !
Cette amnésie profite à Lisa qui peut ainsi remodeler le passé et construire le couple idéal auquel elle aspire. Ainsi, elle renoue avec celui qu’elle a connu et véritablement aimé. Elle lui compose une personnalité, des sentiments, des envies, leur histoire. Elle le crée à son image.
Mais Gilles doute. Il peine à croire le descriptif que lui fait Lisa de son caractère, de son comportement, de cette vie à deux sans heurt. Il veut savoir qui il était ou plutôt ce que Lisa veut qu’il soit.
En fait, il sait. Il n’a jamais été amnésique. Peu de temps en tout cas. Et un premier mensonge de sa femme à l’hôpital l’a décidé de jouer cette comédie. Comprendre ce qui a poussé Lisa à ce geste qui aurait pu lui être fatal est vital. Il veut comprendre le sentiment qui se cache derrière le crime. Comprendre, c’est peut-être sauver son couple. Comprendre, puis pardonner, c’est l’acte de l’amour.
Ecrivain de romans policiers, il mène alors son enquête et peu à peu, va découvrir les vraies raisons de ce crime conjugal.
Ce n’est ni un marivaudage, ni une comédie de mœurs, c’est beaucoup plus fort que ça !
Théâtre Alchimic
Critique, Le Figaro
Pensez-vous saisir la feuille qui s’envole devant vous, le vent la soulève à nouveau et la pousse. Croyez-vous avoir cerné une certitude, une information nouvelle la contredit et vous laisse dans le désarroi. Ces petits glissements progressifs du sens sont la matière même de la nouvelle pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, Petits crimes conjugaux.
Il y a quelque chose de malicieux dans la manière de l’auteur de Variations énigmatiques. Il n’abandonne jamais sa position d’écrivain omniscient. Il sait quand ni le spectateur ni le personnage ne semblent détenir la moindre vérité sur laquelle s’appuyer, par laquelle se rassurer. L’auteur est le grand manipulateur. Pour un peu on l’imaginerait passer dans le champ, au fond du plateau, narquois. Ravi de la bonne farce qu’il est en train de vous jouer… A la manière d’un Hitchcock traversant un plan, mine de rien.
Avec une diabolique malignité, Eric-Emmanuel Schmitt laisse le spectateur dans ce troublant va-et-vient. Qui croire ? A quel moment soudain l’un des protagonistes lâche-t-il quelque chose de sincère, sinon de réel ? Le Schmitt moraliste pointe le bout de la plume : c’est donc cela, c’est donc cet enfer de cruauté mentale, un couple ? Cette association d’intérêts contradictoires qui se dessine au fur et mesure que se développe le dialogue en un étourdissant ping-pong de répliques assassines ou ambiguës ? Pas très optimiste, Schmitt ! Mais non ! Cette comédie brillante à nuances graves, voire tragiques dans certains de ses aspects – l’alcool, par exemple – analyse avec une férocité certaines les rets qui enferment ce couple, tout couple peut-être…
Armelle Héliot – Le Figaro
Après avoir suivi, lui aussi, l’École Professionnelle d’Art Dramatique Périmony à Paris, Thierry Roland décide de rentrer à Genève afin de mettre son apprentissage au service de son art. De formation classique, par les cours qu’il a suivi tant de François Baulieu, sociétaire de la Comédie française, que de Rosine Rochette (Théâtre de la Cartoucherie) ou de Dominique Virton (Compagnie Renaud-Barrault), il allie ses connaissances du répertoire et ses compétences techniques acquises ces dernières années, à sa passion du théâtre. Il a joué dans une quinzaine de pièces, dont « Le Prince de Genève » de J.-C. Blanc ; « Dr Livingston I presume ? » de G. Lucas ; « Frédéric » de R. Lamoureux, « L’Almaniaque vert-mauve » de T. Meury, « Drôle de jeu » de R. Lapierre, « Conversation après un enterrement » de Y. Reza ou « Calderon » de P.-P. Pasolini et plus récemment dans « Riverside Drive » de Woody Allen.
Nathalie Boulin – Lisa
11 ans de Conservatoire de musique, flûte à bec, accordéon, percussion, danse contemporaine avec Daniel Lepkoff, clown au Centre national du Cirque, marionnettiste, et comédienne après avoir obtenu son diplôme à la SPAD ! Nathalie est une artiste que l’on peut qualifier d’accomplie tant elle maîtrise son art, son corps et sa voix. On la retrouve ainsi dans de nombreux spectacles avec Andrea Novicov « La casa de Bernarda Alba », « La Chasse au rats »; avec Didier Carrier « Sainte Jeanne des Abattoires »; avec Denis Maillefer « Léonce et Léna », « La Cerisaie »; Avec Dominique Catton « La Belle au Bois », « Alice et autres merveilles », « Soyez poli M. Prévert »…; avec Geneviève Guhl « Opus Incertum » et « Au hasard des rues » qui se produiront en tournée dans toute la Suisse; avec Oskar Gomez « Ubu Roi »; avec Lorenzo Malaguerra « Roméo et Juliette »; ainsi que des productions au théâtre du Colombier à Toulouse et Océan Nord à Bruxelles.
La sensibilité à fleur de peau de Nathalie Boulin, la conviction et la justesse qu’elle sait donner à ses personnages, la force aussi du défi et de l’action créent dans cette pièce un rôle magistral à sa mesure.
Benjamin Kraatz – Gilles
Enfant de la balle, né de parents comédiens et metteur en scène, il est très vite initié à l’art du théâtre et fait ses premiers pas sur scène à l’âge de 6 ans.
Depuis, il enchaîne les rôles dans les différents théâtres genevois et romands. Récemment, nous avons pu l’applaudir dans « Désir sous les Ormes » de Guy-Pierre Boulean; « Die Walküre » de Dieter Dorn, également dans le spectacle « Le Citoyen » d’Hervé Loichemol à la Comédie de Genève ou à Pitoëff avec « Gommora », adapté du célèbre roman et mise en scène par Philippe Lüscher. Mais aussi au théâtre de Carouge dans « Darvwin en fini avec les cirripèdes », « Molière ou la cabale des dévôts » mises en scène par François Rochaix.
Il sera à nouveau à la Comédie de Genève dans « Le Roi Lear » en décembre 2014.
L’incarnation de ces personnages qui parsèment sa carrière permet à Benjamin Kraatz de donner dans « Petits crimes conjugaux » toute sa force et la maîtrise de son art. C’est un de ces comédiens qui sait nous bouleverser par un jeu tout en retenue et savamment dosé.
Le troisième personnage
l’image
Afin de pouvoir gérer de manière originale l’apport de ce troisième personnage, très présent tout au long de la pièce et d’apporter ainsi les éléments percutants à l’histoire par un traitement approprié de l’image, il fallait trouver les professionnels, créateurs, concepteurs et techniciens qui pourraient mener à bien ce projet.
Nortik Stukio sàrl
Une société de productions audiovisuelles.
Spécialisée dans la conception, la réalisation et la mise en œuvre de scénographies vidéo et multimédia, elle a la particularité de faire interagir les objets du réels, tel qu’un décor de théâtre, avec la projection simultanée d’images.
Cette société très spécifique, met au service d’un metteur en scène, toute son expérience dans la création d’un produit pluridisciplinaire. Ainsi, elle travaille autant dans la conception scénographique, la recherche d’images pour un sujet déterminé, le tournage, le traitement des images, la mise en place du dispositif de projection, l’accord de la lumière en rapport avec le projection et la gestion des effets durant le spectacle.
Robert Nortik son fondateur travaille dans toute l’Europe, que ce soit pour la Fête des Lumières à Lyon, au Deutsche Oper à Berlin, au théâtre du Châtelet à Paris, mais aussi dans le cadre de la fête du millénaire de la ville de Neuchâtel, sans compter ses nombreuses installations à Genève, en extérieur ou sur les scènes de Grütli, de la Parfumerie, de l’Alchimic ou de la Revue.
Nadasdy Film a été fondé en 2001 par Zoltán Horváth, réalisateur-producteur de films d’animation et Nicolas Burlet, producteur et administrateur. Spécialisé dans la réalisation de films d’animation, cette entreprise installée en Suisse, à Genève, produit des séries télévisées, des courts et des longs métrages.
Depuis plus de 10 ans maintenant Nadasdy Film travaille sur des projets créatifs et originaux, en différentes techniques comme le dessin animés, les CGI, le stop motion ou encore la rotoscopie.
Les courts-métrages produits ont été sélectionnés par de nombreux festival parmi lesquelles ceux de Venise, de Cannes, de Sundance et de Clermont-Ferrand.
Zoltán Horváth officie également en tant que directeur artistique et associé au sein de la maison de production Nadasdy Film. A ce titre, il endosse plusieurs rôles dans la chaîne de production des films, en fonction des besoins et des demandes : monteur, co-scénariste, animateur, compositeur graphique et directeur d’animation.