Riverside Drive fait partie du recueil de trois pièces en un acte : Adultères, qui ont été jouées pour la première fois à New York en 2003.
Ces pièces mettent en scène la complexité des rapports humains, spécialement en ce qui concerne le sentiment amoureux. Dans un langage drôle, cruel, et sous une apparente légèreté, se cache une véritable réflexion sur la nature humaine et sa condition.
La Riverside Drive est une avenue de New York, qui s’étend du nord au sud de Manhattan. Elle longe l’Hudson River à l’ouest de l’île entre la 72e rue et la 181e rue, à proximité du George Washington Bridge. Sa largeur évolue le long de son parcours, large au départ, elle se rétrécit au nord au point de ressembler à une petite rue serpentant dans les hauteurs de Harlem.
Un soir de grisaille, un peu glauque, sur les quais de l’Hudson déserts, un homme attend. Pantalon de velours beige, veste de tweed fade, col relevé. Il a l’air sérieux et ennuyeux. Il regarde sa montre, arpente le quai, compose un numéro sur son portable. Jim Swain, la quarantaine, écrivain new-yorkais à succès a rendez-vous avec sa maîtresse. Il a décidé de rompre ne supportant plus ce sentiment de culpabilité. Il attend, mal à l’aise dans ce lieu inhospitalier. Barbara est en retard. Une légère bruine perce les vêtements. Il fait froid.
Arrive un individu plutôt inquiétant, un vagabond, louche, assez costaud. Ce personnage surréaliste va ouvrir la porte du cauchemar. Il se nomme Fred, et après avoir rodé un moment, engage la conversation. A l’impatience de Jim s’ajoute l’inquiétude. Ce d’autant plus que Fred connaît de nombreux détails sur la vie de l’écrivain, avoue l’avoir souvent suivi, devient même agressif, accusant Jim de l’avoir plagié, d’avoir volé son succès, ses idées, sa gloire. C’est encore Fred qui en présence de Jim annonce à Barbara la rupture. Celle-ci prenant très mal la nouvelle le menace de révéler leur liaison à sa femme si celui-ci ne lui donne pas une certaine somme. Jim est à bout de nerfs, désespéré à l’idée que Lola, sa femme de toujours, le quitte. Il est de plus en plus agacé par la présence de Fred. Ce dernier devient d’ailleurs incontrôlable. Il pousse Jim à regarder en face ses mensonges, ses lâchetés, l’accuse de se réfugier derrière ses personnages de romans, de vivre dans une fiction. Il le renvoie dans sa réalité, dans un quotidien qu’il juge misérable, lui, le clodo. Il le confronte à sa condition humaine de mari trompeur et d’écrivain voleur, jusqu’à lui suggérer diverses manières totalement rocambolesques de se débarrasser de Barbara.
Cette pièce, loufoque, est d’abord une comédie qui met en scène un homme rongé par ses névroses et un psychopathe qui a renoncé à son traitement et préfère joyeusement dire qu’il est « piqué de la tarentule », comprenez un créatif au génie méconnu.
Mise en scène : Thierry Piguet
Avec :
Philippe Mathey dans le rôle de Fred
Lambert Bastar dans le rôle de Jim
Irène Godel dans le rôle de Barbara